Hôtel de Bourgogne

Hôtel de Bourgogne, de 1598 à 1629

Au début du XVIIe siècle, Henri IV règne en France. C’est une époque de paix. Le roi entreprend de grands travaux d’embellissement de Paris, comme l’édification du Pont-Neuf (terminé en 1604), en partie pour résorber un peu le chômage : Paris regorge de ‘sans-travail’ et de campagnards affamés que les guerres religieuses ont poussés vers la capitale. La Cour des Miracles existe plus que jamais, à proximité de la salle de l’Hôtel de Bourgogne, qui, comme je l’ai écrit plus haut, est louée fort cher par les Confrères aux troupes de théâtre itinérantes qui ont les moyens de payer.

Car les troupes de campagne sont maintenant une quinzaine. Elles sillonnent les nouvelles grandes routes aménagées par le roi et s’arrêtent pour des représentations au gré de leurs envies ou des demandes.

Les femmes comédiennes de ces troupes montent donc alors couramment sur scène en province, alors que Paris n’a connu que les Italiennes.

Les troupes (composées de 8 à 10 comédiens = en moyenne 8 hommes pour 3 femmes) se déplacent dans une carriole, remplie de costumes bariolés et d’éléments de décors. Les plus pauvres compagnies ont un mulet et se déplacent à pied. Les plus riches louent ou achètent des chevaux de selle. Lors de leurs arrêts, à l’auberge, on les entasse tous dans une même grande chambre ou dans une grange. Les comédiens sont à la fois désirés, admirés, mais aussi méprisés. Pourtant la majorité d’entre eux ne sont ni des mauvais garçons ni des aventurières. D’abord, il faut savoir lire (ce qui n’est évident à l’époque, surtout pour les femmes) et avoir une certaine éducation pour paraître sur scène. De jeunes bourgeois se lancent aussi dans la profession, assez lucrative, si on y réussit.

Le rêve, pour tous, est de jouer à Paris, car c’est là que sont les gens cultivés célèbres. Pourtant, les conditions y sont de loin les plus mauvaises et les gens cultivés ne fréquentent pas l’Hôtel de Bourgogne. Paris, à cause de son Monopole, est toujours un désert théâtral. Mais les Confrères tiennent bon.

Si deux troupes itinérantes se rencontrent, c’est la rivalité… ou la fusion. Tous les comédiens se connaissent : c’est à Paris que se forment les troupes. Avec pour les jeunes, recrutement après ce que nous appellerions un ‘stage gratuit’ : suivant les lieux et les circonstances, on doit être capable d’aborder tous les genres, de la farce à la tragédie. (N.B. les rôles féminins comiques sont encore tenus par les hommes, parfois masqués).

La règle des trois unités, amenée d’Italie (= une seule action, se passant en 24 heures dans un lieu unique) est dans l’air.

Mais dès 1610, surgit un concurrent inattendu : Le Pont-Neuf et ses bateleurs.
Construit par Henri IV, ce premier pont en pierre du centre de Paris est le lieu où se retrouvent badauds, bouquinistes, vendeurs d’élixirs, guérisseurs… Ces derniers parcourent l’Europe et donnent de véritables ‘spectacles’ avec comédiens et musiciens pour vendre leur marchandise (art et commerce sont étroitement mêlés).
Ainsi, un certain Antoine Girard, dit Tabarin, est la ‘vedette’ du Pont-Neuf en 1622 (vêtu d’un costume à la couleur des Sots (vert et jaune), portant un nez rouge et une batte) en jouant des farces, truffées de dialogues satiriques.

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