L’Italie : la Commedia Dell’Arte

L’Italie : la Commedia Dell’Arte (XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles).

Commedia dell’arte signifie : théâtre professionnel. Les Comédiens de l’art gagnent leur vie à jouer la comédie et font payer les spectateurs. Si on les engage pour se produire en privé dans une maison particulière (palais, château), il faut les rémunérer.

Ce sont les ‘hommes de l’art’, comme on parle aujourd’hui des ‘hommes de métier’ (plombier, électricien compétents), capables de représenter tragédies, comédies, tragi-comédies et bien sûr, farces.

Par opposition aux acteurs bénévoles du passé médiéval, aux amateurs mondains et aux enseignants-enseignés des collèges.

A la fin du Moyen-Age (soit un siècle avant d’atteindre le reste de l’Europe), apparaît en Italie le théâtre savant, inspiré largement des grandes fouilles archéologiques qui y ont lieu et qui font resurgir la civilisation romaine antique. C’est souvent au milieu des ruines antiques que l’on joue alternativement les auteurs antiques romains et le théâtre religieux déjà délaissé.

On l’appelle aussi la ‘Commedia erudita’. Ce ‘nouveau théâtre’ élitaire est joué dans les nombreuses fêtes de cours ; il est pratiqué parallèlement au carnaval, dont les personnages grotesques et masqués, issus de la nuit des temps, sont extrêmement populaires.

Nés vers 1550, les Comédiens de l’art puiseront aux deux sources, en les mêlant parfois et deviendront immortels grâce à la Comédie des Masques.

Deux auteurs sont considérés comme étant à l’origine de tout le théâtre italien : Machiavel et Ruzzante.

– Nicolas Machiavel (1469-1527) : habile fonctionnaire de la République de Florence, il écrit des traités de ‘sociologie politique’ dont Le Prince en 1513. Il écrit une seule comédie : La Mandragore en 1512, comédie de cour et ancêtre de la comédie moderne (le mot ‘moderne signifie ici non imitée des anciens), qui aboutira à la pièce de boulevard. Dans cette comédie apparaît Lucrezia, un personnage de femme rebelle, hors de toute tradition. Cette ‘Mandragore’, par contraste avec le théâtre savant de l’époque, fait scandale et le pape l’interdit à Rome après seulement quelques représentations (on continuera à la jouer hors de Rome.

– Angelo Beolco dit Ruzzante le paysan (1502-1542) : fermier-régisseur de grands domaines d’un grand seigneur de la ville de Padoue, Alvise Cornaro. Grand observateur de la rue, où vivent une multitude de paysans désoeuvrés, sans travail. Grand réaliste, il va peindre son monde rural et le prolétariat des bidonvilles.

Sous la protection de son régisseur, le Seigneur Alvise Cornaro, donc, il monte, avec ses paysans, une troupe de théâtre amateur dont il sera l’auteur-metteur en scène-acteur principal. Il prend le nom de Ruzzante, nom très répandu à Padoue, qui signifie ‘le badin’, le ‘folâtre’, paysan pauvre, rusé, cynique, lâche, toujours berné. On peut penser à Chaplin et son petit homme (sous le rire perce l’angoisse, l’inquiétude du lendemain, la souffrance…).

Le réalisme, le naturalisme avec lequel Ruzzante peint ces ‘pauvres’ de la société finit par effrayer son public, tout comme La Mandragore de Machiavel choque les bien-pensants.

En effet, le public de ces deux auteurs est le même que celui qui applaudit la ‘commedia erudita’ ou théâtre savant de l’époque.

C’est ici que la grâce des Comédiens de l’Art agit : ces paysans ‘effrayants’, les Comédiens de l’Art, nouveaux professionnels, vont réussir, pour satisfaire l’auditoire qui les paye, à les transformer en joyeux ‘zanni’, valets facétieux qui deviendront notamment les célèbres Arlequin ou Polichinelle.

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