Grotowski et le Théâtre Pauvre

Grotowski et le Théâtre Pauvre

Jerzy Grotowski est né en Pologne en 1933. Issu d’une famille d’artistes et de professeurs, élève de l’Ecole d’Art Dramatique de Cracovie (1951). Fait des recherches sur le travail de l’acteur. En 1965, il institutionnalise le ‘Théâtre-Laboratoire Polonais’ (sept comédiens surentraînés).

Grotowski préconise un théâtre pauvre au dialogue réduit (au sens où l’entendent les cuisiniers !) à des signes, dépouillé des décors, des costumes (une sorte de pagne peut en tenir lieu).

Grotowski veut faire ‘exprimer notre temps’ aux grands mythes primordiaux. Admiration béate ou refus absolu ont accueilli les tournées européennes du Théâtre-Laboratoire. Le repérage des blocages et résistances psychiques nuisant à la ‘fête des corps’ a en tout cas beaucoup intéressé les jeunes comédiens. En 1976, cessation des représentations publiques.

« Le théâtre populaire et militant

Dans l’ordre social, la scolarisation pour tous ; dans l’ordre de la politique, la Révolution russe de 1917, la création du Parti communiste française en 1921, puis la montée des totalitarismes : ces deux ensembles de facteurs suscitent, à destination du public populaire, un théâtre qui se veut militant.

Antoine, dans ses initiatives, avait le souci d’un théâtre au service du peuple. Mais c’est après la Première Guerre Mondiale que le théâtre populaire et militant se développe vraiment.

Le phénomène est européen, avec notamment en Allemagne, le travail de Piscator et celui de Brecht, dont L’Opéra de Quat’Sous (1928) marque l’entrée sur la scène, à la fois, des gueux politiques et de la recherche de nouvelles façons de s’adresser au peuple : l’alliance du texte et de la musique plonge dans les usages de l’opéra-comique pour donner du relief et de la distance à l’action et aux personnages. Plus largement, la Révolution russe a promu le modèle de l’’agit-prop’, spectacles d’agitation et de propagande révolutionnaires. » Histoire du théâtre, Alain Viala, p. 103, Que Sais-je ? PUF, 2007.

« Enfin, à l’extrême fin du siècle apparaissent dans les sections littéraires des lycées des ‘options Théâtre’ (comme aussi ‘cinéma’ et ‘arts’) ;par ailleurs, le théâtre est présent dans les programmes des lycées et collèges, et les actions pour initier les adolescents au théâtre, comme spectateurs ou comme participants, sont multiples : de sorte que, même si le théâtre est loin derrière le cinéma,la télévision,l’informatique et les jeux vidéos dans les loisirs des jeunes, il a gagné là un public plus nombreux et mieux formé.

Car le souci est de former le public et, pour cela, d’aller vers lui. Tel est le projet de Jean Vilar lorsqu’il crée en 1947 le festival d’Avignon…Il faut cependant relever que ces efforts n’ont pas toujours eu les effets escomptés. Avignon est devenu en fait un festival plus intellectuel que populaire, et en banlieue, plus que les populations ouvrières, les spectateurs sont souvent des intellectuels, les mêmes qui fréquentent les salles parisiennes. Aussi des recherches neuves se font jour pour aller réellement au plus près des petites gens. Le théâtre de rue en est une forme en expansion.

D’autant que la concurrence des médias audiovisuels consommés à domicile laisse le théâtre en retrait. La télévision s’est emparée de l’audience ; l’internet vient capter des parts croissantes de celle-ci ; le théâtre lui, est minime dans les programmes télévisuels et il n’a pas, pour l’heure, trouvé une façon à lui de se réaliser sur le Net. Et sauf dans quelques cas (Carmen, plusieurs fois porté à l’écran, Cyrano de Bergerac, grand succès en adaptation cinématographique, Roméo et Juliette…), le cinéma ne sert guère de vecteur pour du théâtre filmé. S’il fut au siècle dernier le média avec lequel se faisaient les gros chiffres de publication, aujourd’hui, où l’on compte par millions, le théâtre apparaît proportionnellement assez faible en nombre de spectateurs pour chaque pièce qu’il offre. » Histoire du théâtre, Alain Viala, pp.108-109, Que Sais-je ? PUF, 2007.

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