L’Angleterre : le théâtre élisabéthain

L’Angleterre : le théâtre élisabéthain
(Vers 1572 à 1642, soit 70 ans)

En Angleterre, dès le XIVe siècle, la faveur du public va au théâtre profane (le théâtre religieux s’efface : le public aime les histoires de la vieille Angleterre et les moralités.

Les textes, décors et costumes ne sont plus alors la propriété des ecclésiastiques, mais des Guildes, les corporations. On construit des ‘mansions’ roulantes’, appelées pageants pour faciliter les déplacements des troupes (un monopole comme celui des Confrères de la Passion à Paris est inimaginable en Angleterre.

Vers le milieu du 16e siècle, apparaissent des entrepreneurs de spectacles, qui s’avisent qu’il y a de l’argent à gagner en intéressant à la fois le public populaire et le public lettré.

Le processus de la professionnalisation du théâtre est en cours…

–         les troupes ambulantes utilisent des cours d’auberge pour jouer dans un lieu fermé et faire payer les entrées ;

–         elles construisent ensuite des théâtres fixes, à Londres, sur la rive sud de la Tamise, de l’autre côté de la City. La rive sud est réputée pour être le repaire de tout ce qui n’est pas ‘légal’ à Londres, des marginaux, des trafiquants et commerçants illicites, des filles de joie, et des gens de théâtre. Les Puritains appellent le théâtre, la maison du diable.

C’est là que sera construit, en 1594, le Globe, théâtre à ciel ouvert de William Shakespeare.

La peste de Londres en 1593 obligera tous les théâtres à fermer et poussera les comédiens en tournée sur les routes.

C’est le règne d’Elisabeth Ier, reine cultivée et protectrice du théâtre qui luttera  contre les attaques des Puritains qui y voient une école de débauche et d’immoralité.

William Shakespeare (1564-1616)

A 18 ans, il rejoint Londres, où il devient comédien quelques années plus tard.  Pas un comédien de premier plan mais un rapetasseur. Sous la protection du comte de Southampton, il est introduit à la cour où il s’initie aux intrigues politiques et au pouvoir. Ami de Marlowe. Trente-sept pièces lui sont attribuées. Il est considéré comme le plus grand poète dramatique de tous les temps par l’ampleur et la variété de son œuvre.

Dès 1593, à la réouverture des théâtres après leur fermeture (peste de peste !) , il s’affirmera comme un véritable auteur et sa vie se confond avec un travail acharné. Il échappe à la bohème, propre à la vie des gens de théâtre de l’époque et n’a plus la protection de la reine Elisabeth. Il se retire à 50 ans, riche et célèbre et meurt à 52 ans.

Shakespeare est royaliste et soutient la reine dans son combat contre les féodaux ; il voit, comme elle, une Angleterre en route vers l’unité nationale incarnée par le centrisme monarchique ; mais pour lui, le souverain doit se montrer digne de ses fonctions.

Dans ses tragédies, Shakespeare ne respecte pas d’ordre chronologique, il interprète plutôt l’histoire pour en dégager un sens civique, comme chez les tragiques grecs. Comme eux, il pose la question de la légitimité du pouvoir.

Le comique existe dans toutes ses pièces. Les clowns (les ‘mechanicals’) commentent l’action, interpellent le public, détendent l’atmosphère. Le célèbre clown Falstaff.

Les comédiens et Shakespeare

Les comédiens sont alors devenus professionnels : sont exclusivement masculins, y compris pour les rôles féminins assurés par les hommes, travestis. Shakespeare (à travers les conseils d’Hamlet) invite ses comédiens à dire le texte d’une voix naturelle, de conformer le geste à la parole et la parole au geste, à ne pas quitter la ‘nature’ d’un pas. Il les invite à rester vrais.

Entre 1603 et 1625, on recense une quinzaine de théâtres publics dotés d’un toit (pour un seul à Paris à la même époque). A cette époque aussi, les pièces ne sont plus exubérantes et optimistes. Elles traitent de morbidité, d’horreurs domestiques, d’incestes au sein de grandes familles…Ces pièces ‘au relent de soufre’ ulcèrent les Puritains calvinistes de l’époque, d’ailleurs fortement opposé au pouvoir royal, dont les hommes de cour protègent les troupes de théâtre.

En 1642, Cromwell, décrète que tous les comédiens sont des coquins punissables et obtient que toutes les salles de théâtres soient fermées, même avec si peu d’arguments. Elles le resteront pendant 18 ans.

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